Dédé Fortin, un artiste de renom qui aura marqué le Québec à sa façon toute à lui. Par sa fierté, son charme et sa passion, il aura su faire vibrer toute une nation. Le 8 mai 2000, après de nombreuses années de frénésie, André Fortin nous quittait pour aller rejoindre le calme éternel.
« Il était si vivant qu’il n’arrive pas à mourir complètement », dit Martin Ouellette, un ami proche qui a encore bien du mal à accepter sa mort. Il n’y a pas beaucoup d’œuvres comparables à celles de Dédé Fortin. « Il est un modèle d’homme comme on en cherche encore […] Je pense souvent à lui. » ajoute-t-il.
La carrière du natif de Saguenay, pour laquelle il est encore connu à ce jour, commence réellement en 1990. Après des études en cinématographie qui le mèneront à collaborer avec nul autre que Michel Rivard, il quitte finalement cette ambition pour se lancer dans sa vraie passion, la musique.
Il crée le groupe les Colocs en compagnie de plusieurs amis (en particulier ses colocataires) et devient rapidement leader du groupe en tant que chanteur. Après plusieurs années à Montréal où ils sont confinés dans l’ombre, leur évolution est fulgurante à partir de 1993.
Leur premier album « les Colocs » qui sort en février est une véritable révélation pour le public québécois. Le projet qui contient notamment le grand succès « La Rue Principale » est applaudi aux quatre coins de la province. Il est vendu à plus de 150 000 exemplaires. En octobre 1993, l’ensemble remportera quatre Félix au gala de l’ADISQ et l’année suivante, il remportera le Félix du groupe de l’année pour la deuxième année consécutive.
Suivent des années plus difficiles avec la mort de l’harmoniciste Patrick Esposito Di Napoli en 1994, la défaite du OUI au référendum de 1995, le départ du bassiste Serge Robert également en 1995, le grave accident du guitariste Mike Sawatsky en 1996 et le départ du batteur Jimmy Bourgoin en 1998.
En dépit des circonstances malencontreuses, le groupe chouchou du Québec continue son ascension avec la sortie de son deuxième album « Atrocetomique » en 1995. Le troisième et dernier album du vivant de Dédé Fortin « Dehors Novembre » connait également un énorme succès lors de sa sortie en 1998. Il se vend à plus de 100 000 exemplaires et remportera le Félix de l’album rock de l’année.
Au fil des années, les textes de l’auteur-compositeur-interprète passeront d’un ton joyeux à un ton plus sérieux. Des thèmes plus sombres qui peuvent s’expliquer par les épreuves que traversa le groupe. Au final, on peut donc qualifier la carrière d’André Fortin d’épopée sans laquelle la culture québécoise ne serait pas ce qu’elle est actuellement.
Les Colocs demeurent un des groupes musicaux les plus influents de l’histoire du Québec. Dédé Fortin, par sa fougue hors du commun, a su marquer les esprits d’un peuple entier qui l’a malheureusement vu partir trop tôt.
Pour conclure, voici les derniers mots de Dédé Fortin écrit à son gérant sous forme de poème la veille de son décès :
Comme le temps est pesant en mon âme escogriffe
Un grand ciel menaçant, un éclair qui me crie
Ton cœur est malicieux, ton esprit dans ses griffes
Ne peut rien faire pour lui et tu es tout petit
Les nuages voyageurs font des dessins abstraits
Ils me parlent de bonheur que jamais je n’entends
Je pourrais faire comme eux et partir sans délai
Léger comme une poussière transportée par le vent
Et dans la solitude de ma danse aérienne
Le courage revenu, je trouverais les mots
Je réciterais sans cesse des prières pour que vienne
La douceur du silence d’un éternel repos … mais
Épuisé que je suis je remets à plus tard
Le jour de mon départ pour une autre planète
Si seulement je pouvais étouffer mon cafard
Une voix chaude me dirait : tu brilles comme une comète
Comme la lune est moqueuse quand elle s’empare du ciel
Elle me regarde aller comme une lampe de poursuite
Je voudrais la détruire ou me poser sur elle
Étourdi par son charme qui jamais ne me quitte
Et dans la solitude de ce nouveau départ
J’aurais tout à construire pour accueillir la paix
Et tout mon temps aussi pour prévenir l’univers
Que la joie est revenue et qu’elle reste à jamais mais
Condamné par le doute, immobile et craintif,
Je suis comme mon peuple, indécis et rêveur
Je parle à qui le veut de mon pays fictif
Le cœur plein de vertige et rongé par la peur
-André Fortin
Un spectacle hommage sera diffusé sur la page Facebook d’ICI Musique le 8 mai de 20h à 22h.
Si vous avez besoin d’aide :
1-866-APPELLE
besoinaide.ca
@FondationDedeFortin
Une collaboration de Jean-Sébastien Lecomte